Modane - Col de Chavière (2796m) - Refuge Péclet Polset
Pour des raisons pratiques nous avons choisi de réaliser ce circuit depuis Modane, aisément accessible en train. Après une nuit au camping nous rejoignons le GR 5, puis 55, qui s'élévent rapidement en sous-bois, jusqu'au hameau de Polset. Nous entrons désormais dans le Parc National de la Vanoise, premier parc français, créé en 1963.
Le décor est grandiose et la météo on ne peut plus clémente. Nous somme partis depuis moins de 2h, et nous avons déjà croisé une marmotte... un parfait préambule pour ce tour.
On se demande parfois comment la nature arrive à ce point à s'adapter à son milieu :
Nous évoluons en direction du col de Chavière, en "mode contemplation", fascinés par ces paysages et la végétation qui commence à roussir.
L'itinéraire est jonché de débris d'obus, vestiges d'un ancien champ de tir.
Le col, dont l'altitude avoisine les 2800m, est désormais bien en vue.
Arrivé au col le panorama est magnifique, vers le Sud : la Meije et la Barre des Ecrins,
vers le Nord : le Massif du Mont Blanc,
vers le Nord Est : les glaciers de la Vanoise.
Au col nous décidons de partir plein Est sur la crête, afin de prendre encore un peu d'altitude pour déjeuner (en direction de la Pointe de l'Echelle).
Nous nous arrêtons à la première pointe (côte alti. 2885m sur la carte IGN). Soudain nous sommes pris dans les nuages avec une rapidité déconcertante, conférant une belle ambiance à ce moment.
Nous redescendons le col, et décidons de partir un peu hors sentier crapahuter sur les "bosses" à l'Est du chemin. Nous finissons par une descente dans de la pierraille très roulante, mais quel plaisir d'évoluer librement et de choisir son itinéraire.
Nous arrivons au refuge de Péclet-Polset vers 16h, it's time to drink a beer.
Pour l'anecdote : nous sommes les premiers à prendre "un formidable", chope d'1L de bière, réduisant considérablement le prix au litre. La soirée est vraiment très sympathique, à notre table c'est la grosse ambiance, et le repas se termine par un petit génépi du refuge. Un couple sort à son tour une bouteille de Chartreuse, nous tremperons nos lèvres dans ce délicieux breuvage, mais cinq jours de rando nous attendent derrière, ce n'est pas le moment de s'enivrer.
Refuge Péclet Polset - Refuge de la Valette
Après une nuit dans un dortoir bruyant (ronfleurs, personne toussant une bonne partie de la nuit), le petit déjeuner est d'enfer : un pot de Nutella format 5kg est posé sur la table... je ne vois pas de meilleur moyen pour commencer cette journée. Départ à 7h30 par le GR 55, que nous quittons rapidement pour rejoindre hors sentier une piste 4x4 versant Ouest en direction des Planettes.Torrent à traverser pour atteindre la piste située rive droite.
Au loin le Roc de la Pêche&cow,
Aiguille de Polset et glacier de Gebroulaz vus depuis les Planettes.
Zoom
Nous rejoignons l'itinéraire balisé à partir du chalet du Rosoir, en direction du Cirque du Génépi. Au loin le massif du Mont Blanc est bien visible.
La distance entre les refuges est courte et nous profitons pleinement de chaque instant pour ne pas arriver à 12h au prochain refuge. Le temps de faire des photos, comme cette macro de papillon,
le temps de prendre un thé au pied du cirque du Génépi.
Après une bonne pause déjeuner, nous entamons la dernière montée menant au refuge de la Valette.
La joie est toujours au rendez-vous, d'autant plus au moment de refaire le plein de sucre caféiné...
Valette est constitué de trois chalets, voici celui des dortoirs.
Dans la soirée, et ce sera le cas tous les soirs, "ça charge" un peu.
Le repas est quelque peu déroutant, puisque sur les neufs personnes présentent ce soir nous ne sommes que deux français : trois espagnoles, deux autrichiens, une anglaise et un écossais... heureusement tout le monde parle un anglais irréprochable, sauf les deux français. La compréhension ne pose pas de souci, en revanche l'expression est un peu plus laborieuse.
Refuge de la Valette - Refuge du col de la Vanoise
La nuit est excellente, mais je me lève un peu plus tôt (6h) pour assister au lever de soleil sur la Grande Casse. Histoire de faire quelques photos.
Nous entamons notre quatrième jour, et comme tous les matins avant 10h, nous sommes intégralement seuls dans ces montagnes. 10h est souvent l'heure à laquelle nous croisons les quelques personnes faisant le tour dans l'autre sens.
L'itinéraire de ce matin traverse les cirques du Petit, puis du Grand Marchet. Une variante au GR est intéressante dans le Grand Marchet, en tirant à droite au pied de la falaise. Celle-ci évite de redescendre tout le cirque, pour tout remonter derrière. Le cheminement à travers les cascades est vraiment jolie (variante de fin de saison). Nous rejoignons ensuite le cirque du Dard (photo ci-dessous) par le col du Grd Marchet.
La descente du col est un peu plus raide que tous les autres sentiers rencontrés sur ce tour.
Nous, enfin surtout Guillaume, apercevons quelques chamois et nous retrouvons de multiples empreintes dans la descente.
Après 600m de descente, il faut désormais remonter le cirque de l'Arcelin, avec l'Aiguille de la Vanoise en point de mire.
Les paysages sont toujours autant idylliques.
Nous arrivons de bonne heure (14h) au refuge Félix Faure, où nous retrouvons une terrasse bondée.
Nous continuons jusqu'au lac Long : instant de détente, les pieds dans l'eau...
Retour en fin d'après-midi au refuge pour un casse-croûte au pied de la Grande Casse.
Quelques marmottes se promènent à proximités de la terrasse. L'une d'elles est particulièrement peu farouche, et je la mitraille littéralement avec mon appareil photo.
Imaginez le photographe, totalement allongé dans l'herbe,
obligé de dé-zoomer tellement nous sommes proches.
Coucher de soleil et ciel un peu chargé.
L'ambiance est bien différente d'hier où nous étions neuf, ce soir le compte doit avoisiner les 40.
Refuge du col de la Vanoise - Refuge de l'Arpont
Après une nuit pluvieuse, c'est sous un ciel voilé que nous quittons le refuge. Les jeux de couleurs sont d'autant plus magnifiques.
Une étrange coulée dans le pierrier.
A notre gauche nous laissons le GR 55, qui longe le torrent de Leisse.
Afin de rallonger cette courte étape nous faisons un crochet (1h30) en direction du glacier du Pelve.
L'exutoire du glacier est impressionnant. Notre idée est de couper hors-sentier afin de récupérer l'itinéraire un peu plus loin. Le problème est qu'il nous est impossible de traverser le cours d'eau, dont le débit est énorme. Dommage, nous faisons le chemin inverse.
Second crochet vers le lac de Chasseforêt (2760m), un peu plus loin que prévu.
L'endroit est vraiment somptueux, et l'ambiance très haute montagne : plafond nuageux bas, température fraîche, rafales de vent, univers très minéral.
Ce qui était annoncé arriva : la pluie. C'est même la grêle qui nous accompagne dans la descente du lac (hors-sentier). L'itinéraire logique et kairné passe en permanence sur des dalles lisses, qui constitue le lit d'un cours d'eau asséché en cette période. Autant dire que c'est ultra glissant, Guillaume se paie une belle vautre, moi je me récupère on ne sait toujours pas comment... mais nous sommes pleinement heureux. Nous rejoignons enfin le refuge de l'Arpont, trempés jusqu'aux os. L'après-midi se résume au séchage des vêtements devant le poêle.
Nous dînons au service de 18h30, et nous couchons ainsi à 20h (record battu).
Refuge de l'Arpont - Refuge de la Fournache
Non seulement nous nous sommes couchés tôt, mais en plus nous nous levons 30 min plus tard que d'habitude. Nos horaires sont depuis le début : réveil 6h30, petit-déjeuner 7h, départ 7h30 - dîner 19h30, nuit 21h. C'est donc à 8h que nous quittons l'Arpont, empruntant de nouveau le sentier en balcon, versant Est.Un des nombreux ruisseaux.
L'itinéraire se poursuit au pied de la Dent Parrachée.
Notre objectif de demain, le Râteau d'Aussois, est désormais visible.
Nous arrivons tôt (14h) au refuge de la Fournache. Nous n'avons fait qu'une seule pause, pour déjeuner, et aucun détour ne nous a parus possible ou intéressant. L'accueil est tout de suite exceptionnel, le gardien nous installe dans un dortoir annexe où nous serons seuls.
Vu sur les Plans d'Amont et d'Aval. Nous profitons de l'après-midi pour scruter l'itinéraire (présumé) pour le col de la Masse. Nous prévoyons un départ nocturne, et préférons préparer le terrain. Selon le gardien il faut compter 3h - 3h30 pour le Râteau.
La soirée est grandiose, au menu : Tartiflette, flan arrosé au schnaps maison de nos voisins de tablé alsaciens, puis clôture par le Génépi maison du gardien.
Refuge de la Fournache - Râteau d'Aussois (3131m) - Modane
Le sommeil n'a pas été bon, l'excitation du lendemain nous a empêchés de dormir profondément. Qu'importe le réveil est programmé à 3h30 de toute façon. Nous prenons le petit-déjeuner à 4h et partons un peu avant 4h30. Le départ à la frontale est vraiment exceptionnel et l'ambiance unique.Nous nous élevons facilement jusqu'au "Plateau du Mauvais Berger" où nous rencontrons un Patou (chien de berger). Après notre expérience du premier jour où un Patou nous a suivit en aboyant méchamment pendant plus d'une minute, nous n'en menons pas large de revivre cette situation de nuit. Tout se passe finalement sans souci après nous avoir inspectés, il repart vers son troupeau.
Le cheminement est à peu près évident, seul deux trois moments ont demandés réflexion. Comble pour Guillaume, sa lampe frontale déconne. Un faux contact le contraint à rester en "veilleuse" et donc à ne pas voir au-delà de deux mètres... Nous poursuivons sous l'aurore naissante.
Nous arrivons au col de la Masse et fonçons sur la face Nord-Ouest du Râteau. Le début est kairné, mais rapidement les kairns se multiplient dans toutes les directions. Chacun choisit son itinéraire, Guillaume part à droite, moi je cours droit dans la pente. Je ne veux pas rater le lever de soleil, et l'orientation de la pente nous cache totalement l'aurore.
Nous arrivons au sommet, il est à peine 6h30 et le soleil toujours caché, le spectacle peut commencer.
Il nous a finalement fallu 2h, au lieu des 3h - 3h30 annoncées, pour atteindre le sommet.
Ce moment est magique, et il m'est difficile de traduire ces émotions.
Tour d'horizon vidéo au sommet :
6h52 : le soleil apparaît enfin.
Le panoramma est splendide, nous apercevons différents massifs dont nous ignorons les noms, mais qu'importe, c'est grandiose.
Vue sur la Pointe de l'Echelle, au Nord.
Grâce à l'apparition de nuage, nous assistons à un spectre de Broken : nous avons le soleil dans le dos et notre ombre est projetée sur le brouillard. Cette ombre est entourée d'un halo lumineux en arc-en-ciel, on parle de Spectre de Broken avec Gloire.
Après trois heures passées au sommet, ils nous faut songer à la descente sur Modane 2200m plus bas.
Nous redescendons par la même face (NW) mais par un itinéraire encore différent de ceux de la montée. Jusqu'à l'Orgère la descente est agréable, mais les 900 derniers mètres sont vraiment très longs et les jambes commencent à être lourdes. Nous arrivons enfin à Modane en début d'après-midi.
Ce tour des glaciers de la Vanoise a vraiment été exceptionnel, pas de contrainte de poids avec nos petits sacs d'à peine 9kg, pas de contrainte horaire pour profiter et s'évader à souhait, des nuitées confortables et des repas copieux... un tour que l'on peut qualifier de grandement réussi.
Le train de nuit nous attend pour un retour à Nantes.