Arrivée : stage J-1Arrivée samedi soir au centre UCPA d'Argentière, veille du début du stage, je profite pleinement de mon dortoir et même du centre. En effet, c'est la première semaine de la saison et je suis le seul à être arrivé la veille. L'accueil se faisant le dimanche à partir de 14h.Dimanche matin je me fais une petite mise en jambe en direction du Lognan, superbe vue sur le massif des Aiguilles Rouges. Calé entre deux rochers je contemple le paysage et domine Argentière. Sur le chemin du retour je m'arrête devant un arbre à la croissance atypique. De retour au centre, je fais connaissance avec mes collègues de chambrée. Nous sommes cinq dans ce dortoir de six, mais ce n'est pas du luxe. A ma grande surprise je retrouve un copain avec qui je faisais de l'escalade au CAF de Nantes durant l'année 2003, et surtout avec qui je rigolais comme pas possible en rejouant non-stop "Les bronzées font du ski". Nous avions perdu contact, mais les répliques des bronzées ont fusées 2min après nos retrouvailles et toute la semaine durant...fous rire sur fous rire. Julien est décédé dans une avalanche en Février 2009. Une vue imprenable en ouvrant les volets du dortoir... Zoom L'après-midi est consacré à la distribution du matériel, avec un briefing sur le déroulement de la semaine pour chaque stage. Mon groupe est constitué de 5 personnes dont le niveau en alpinisme est globalement débutant, seule une personne a déjà pratiquée. Ecole de glace : Mer de GlaceLundi matin, en route pour la Mer de Glace par le train du Montenvers. Puis descente sur le glacier par les fameuses échelles.L'objectif du jour est le cramponnage, en d'autres termes évoluer avec des crampons. Nous chaussons donc les crampons et marchons sur ce glacier avec en toile de fond l'aiguille du Tacul et les Jorasses. Après différents exercices sur des pentes de plus en plus fortes, nous arrivons au niveau d'un "lac" où nous retrouvons de nombreuses écoles de glace. Notre guide (Pierre) installe alors deux moulinettes afin que nous puissions goûter aux joies de l'escalade sur glace, munis de deux piolets traction. Le temps passe très vite, nous repartons à la gare du Montenvers, en évitant cette fois-ci certaines échelles pour passer à flanc de la moraine. Un dernier regard sur la Mer de Glace, avec un ciel toujours nuageux . Ecole de neige : Aiguilles Crochues (2840m)La journée du mardi est consacrée à l'école de neige, c'est-à-dire évoluer sur des pentes neigeuses, enrayer une chute : la sienne ou celle de son compagnon de cordée, poser des relais en neige. Notre apprentissage se fait dans le massif des Aiguille Rouges.Nous remontons un premier couloir en direction du col des Aiguilles Crochues. La pente se redresse (40°) en arrivant au col. Après une traversée versant Ouest, nous rejoignons le sommet par le couloir Nord des Crochues, dans une neige bien molle. Pierre nous montre un relai que l'on peut faire dans cette situation...vu l'état de la neige personne n'y croit vraiment, il doit falloir rudement dynamiser pour ne pas éjecter le piolet. De toute façon, aucun danger : nous sommes sur un grand toboggan où il est facile de s'arrêter. Néanmoins, la pression commence à monter et les premières sensations alpines se font ressentir. Heureux d'être passé en tête et d'appliquer les techniques d'assurage au buste. Vue du sommet sur les Frêtes de Moëde-Villy et sur les Rochers des Fiz. Nous rejoignons le col des Dards, puis redescendons par le lac Blanc en contre bas, jusqu'à la Flégère. Première pointe des Cosmiques (3760m)Mercredi : première course en altitude au départ de l'aiguille du Midi (3842m). L'objectif initial était le Mont Blanc du Tacul (4248m). Ce sommet est connu pour son exposition aux chutes de séracs (cf accident d'août 2008). A cette époque je ne connaissais pas cette "réputation". La veille au soir, lorsque nous discutons dans le dortoir (je suis le seul du dortoir à faire ce stage) j'annonce que l'objectif de mon groupe est le Tacul, et là tout le monde mort de rire me racontant tout les accidents passés...autant dire que je n'en menais pas large. Le lendemain dans le téléphérique, Pierre discute avec un autre guide lui disant que s'il y a une trace, nous allons au Tacul, le guide rigole à son tour ...l'appréhension monte d'un cran. Arrivé à l'aiguille du Midi, pas de trace sur le Tacul...petit soulagement, malgré ma totale confiance en Pierre. Le nouvel objectif sera la première pointe des Cosmiques. Le temps d'admirer la vue sur la terrasse de l'aiguille. Vue sur le Mont Buet, fait avec Guillaume l'été précédent, et toute la vallée de Chamonix. Panorama sur les Grandes Jorasses, l'Arête de Rochefort & la Dent du Géant, le Dôme du Goûter et l'Aiguille de Bionnassay. Le départ de l'aiguille du Midi est caractérisé par son arête effilée, pouvant impressionner les débutants. Mission accomplis : je suis impressionné. Je m'offre même le luxe de tomber en m'emmêlant les crampons. Pierre nous disait d'accélérer le pas, je me retourne donc pour dire au second et au troisième d'accélérer, mais ma toute récente technique de cramponnage m'a joué défaut...petite chute sans gravité, mais un peu énervé de toujours sentir la corde tirer derrière. Mon second, sujet au vertige, était encore moins à l'aise. L'arête descendue, nous marchons en direction de l'abri Simond, point de départ pour les cosmiques. Nous voici au pied de la pente, qui vu mon état d'esprit du jour (appréhension du Tacul, chute sur l'arête, petite confiance dans mes compagnons de cordée) m'impressionne sincèrement. Dans la pente à 40/45° mes appréhensions se transforment en peur, sachant que nous redescendons par là je ne suis vraiment pas fier. J'arrive à me maîtriser, mais la corde tire toujours derrière, le second est encore plus mal... Nous arrivons enfin à la première pointe des Cosmiques à 3760m. Il est marrant d'atteindre un sommet plus bas que son point de départ 3842m !!! La vue est splendide mais je ne pense qu'à une chose depuis le début : comment va se passer cette descente? Finalement tout se passe mieux que je ne l'envisageais, je n'irais pas jusqu'à dire que je suis super à l'aise, mais je reprends confiance. En revanche, ce n'était pas le cas du second et la descente fut longue. Après une pause déjeuner, nous repartons en direction de l'aiguille du Midi. La montée de l'aiguille est vraiment agréable je me sens mieux, en revanche les effets de l'altitude se font un peu plus ressentir. Aiguille du Tour (3542m)Jeudi se résume à la montée au refuge Albert 1er. Nous empruntons le sentier qui évolue le long de l'ancienne moraine du glacier du Tour.Longeant de ce fait le glacier en permanence. Arrivée au refuge en début d'après-midi, notre guide fait une sieste...ah merde. Nous nous baladons un peu autour du refuge, avec l'objectif de demain en vue. S'en suit une courte initiation au mouflage. Après une nuit de piètre qualité, nous nous levons et constatons qu'il neige. Les tables sur lesquelles nous avons mangés hier sont recouvertes de 15 cm de poudre. Nous partons, Pierre s'oriente comme par beau temps... c'est impressionnant, puis des éclaircies apparaissent. Nous passons au dessus du plafond nuageux et la mer de nuage s'étend devant nous à perte de vue. Empruntant la voie normale (F), nous passons devant le couloir de la table (AD). Pierre avait prévu cette itinéraire à l'origine mais au vu de la journée d'hier, le niveau a été revu à la baisse. En direction du col supérieur du Tour. Nous faisons la trace depuis le départ du refuge, nous sommes seul, cas extrêmement rare sur cette classique d'initiation. Pierre et moi devant l'Aiguille duTour, regardant les Aiguilles Dorées, le Grand Combin, et la Pointe d'Orny. Un spectacle éblouissant. Après une courte escalade facile, où je me sens vraiment dans mon élément et où je prends un énorme plaisir, nous arrivons au sommet. Une vue exceptionnelle : Aig. du Chardonnet, Aig. Verte, Mt Blanc, Dôme du Goûter et Aig. de Bionnassay. Le passage de la rimaye dans une neige sans grande consistance. Retour au centre pour notre dernière soirée. Certains l'appellent la soirée de la dernière chance, pour ceux qui pratiquent l'UCPA (Un Coups Par An)... Le samedi matin est l'occasion de faire un brin d'escalade sur une falaise école. Débriefe avec Pierre, puis fin du stage samedi midi. Cette première expérience en alpinisme a été exceptionnel. J'ai découvert ce monde qui me faisait rêver depuis tout petit, j'ai trouvé mes limites, j'ai vécu des moments très forts... Dernière nuit au lac Blanc (2352m)Afin d'éviter le train de nuit, j'avais prévu de monter au refuge du lac Blanc pour ne rentrer que le dimanche. Je pars donc le samedi après-midi pour une petite randonnée.Passage des échelles. Un ciel quelque peu couvert. Je croise de nombreux bouquetins. Les lacs de Chéserys, encore bien gelés. Eté Le second passage équipé d'échelle. Eté L'arrivée au refuge. Je passe la fin d'après-midi à contempler tous ces paysages, puis le coucher de soleil. Une soirée très sympathique où le repas est l'occasion de discuter et partager notre passion pour la montagne. Après une bonne nuit, il est temps de quitter ces lieux. Un départ sous la neige et dans le brouillard, l'ambiance est exceptionnelle... le grand bonheur. Je me balade vers Chéserys, sortant de la trace je profite pleinement de ces derniers instants avant mon retour. Là c'est bel et bien la fin, il me faut rentrer à Nantes... |
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